la théorie est-elle une sorte de récit d’aventures?

September 16th, 2018, 15:24

cette année, j’ai décidé de publier autre chose qu’un roman. depuis presque deux ans déjà, je planchais sur un essai à propos d’un écrivain que j’ai beaucoup lu (et que je continue de lire): gérard genette, théoricien de la littérature et des arts, auteur de figures III, palimpsestes, seuils, bardadrac et bien d’autres. ce essai, enfin terminé (et ça n’a pas été facile), est sur le point de devenir un livre, à propos du style de genette, à paraître début octobre, toujours au quartanier.

plusieurs d’entre vous savent que genette est mort plus tôt cette année, à quatre-vingt-sept ans. jusqu’à la fin il avait continué d’écrire (son dernier livre s’intitule postscript). c’était un auteur que je lisais bien sûr pour son propos (plusieurs de ses livres sont des classiques des études littéraires) mais aussi pour… son style. un style pas forcément ostentatoire, encore moins fleuri; un style qui tient du rythme, sinueux et parfois bifurquant, souvent à contre-temps. un style, en tout cas, dont je me suis aperçu un jour qu’il avait beaucoup influencé mon écriture, ce dont je fus le premier surpris: ce n’est pas ordinairement chez les théoriciens qu’on cherche ses influences stylistiques. et pourtant…

lire la suite »

une pochade (et trois poches)

August 24th, 2017, 12:26

ce blogue commence à ressembler à un catalogue de publications mais enfin voilà, il existe toujours, et aujourd’hui je me propose de vous parler de mon nouveau roman, simone au travail, à paraître au quartanier le 12 septembre prochain.

à la fin de mon dernier post, je vous promettais un nouveau livre qui serait le plus court chemin entre deux chansons de brigitte fontaine. les deux chansons – «éternelle» et «dommage que tu sois mort», de l’album brigitte fontaine est… (saravah, 1968) – sont en effet les deux balises qui m’ont servi à marquer les lignes de départ et d’arrivée de simone au travail. allez, je vous les passe avant de vous parler du livre.

bon, maintenant que vous avez ces chansons dans la tête pour le reste de la journée, reprenons.

d’abord, qui est simone? c’est un personnage qui est apparu au fil de l’écriture des bases secrètes, et qui a pris une place assez grande, quoique assez circonscrite à deux endroits précis du livre. elle est la fille de bilitis charpelle, je le précise pour ceux qui ont gardé quelque souvenir de l’arbre généalogique des charpelle également esquissé dans les bases secrètes. bref, dans ce roman (qui était mon premier), j’avais donné à simone quatre mariages; mais j’en avais seulement raconté trois. restait donc une «case vide» (on est genettien ou on ne l’est pas) et bien entendu je n’allais pas laisser la question irrésolue bien longtemps.

je me suis donc demandé qui était ce quatrième (et dernier) mari de simone. j’ai imaginé qu’il s’agissait d’un homme de passage qui achetait un jour un de ses dessins. or, les activités plus ou moins régulières de cet homme ont tout de suite mené l’intrigue vers une affaire d’espionnage et de politique internationale avec diamants et révolution à la clef. pour dire vrai, les choses se sont emballées bien vite et je n’ai plus eu grand-chose à faire sinon écrire. suffisait de se prendre au jeu du cliché le plus éhonté (et de l’exagérer encore, si cela était possible). et de ne jamais craindre de mettre le pied dans le plat.

tout ceci pour dire que ce n’est pas un roman très sérieux. j’ai essayé de faire une intrigue au pas de course, avec beaucoup de gags référencés ou non – et je ne vous donne pas ma liste de références, c’est très bien si personne ne les voit, mais on ne se tromperait pas en imaginant que j’en ai profité pour solder mes comptes (dettes et intérêts) avec certain écrivain français sous couverture blanche étoilée.

et au milieu de tout ça il y a simone, qui s’est révélée un personnage inépuisable, ce genre de personne incapable de dire non à l’aventure quand elle se présente à elle.

ah, et j’allais oublier. dans la foulée de simone au travail, le quartanier a eu l’idée de ressortir les bases secrètes, la revanche de l’écrivaine fantôme et le continent de plastique en version poche. j’en ai profité pour réviser un peu ces trois textes (le premier, surtout, qui avait conservé quelques maladresses de débutant) mais pas trop parce que tout ça appartient au passé et que je n’aime pas refaire ce qui est déjà fait. mais enfin, ce sont des livres que j’aime encore et je suis content qu’ils connaissent cette deuxième vie. ce sera pour plus tard cet automne et j’espère pouvoir bientôt vous en montrer les couvertures.

«c’est toi la plus belle»

March 25th, 2016, 13:34

c’est vendredi et j’ai envie de vous raconter comment une chanson de jimmy hunt m’a permis de trouver le nom d’un des personnages les plus importants du continent de plastique (en attendant sa sortie officielle, toujours prévue pour le 5 avril).

il faut dire d’abord que nommer un personnage est toujours tout une affaire. il faut que le nom «sonne» bien, qu’il soit graphiquement distinct des autres noms. en même temps il ne faut pas non plus surenchérir dans la bizarrerie. certains personnages du livre s’appellent tout simplement «paul» ou «robert», noms qui me sont venus spontanément au moment de mettre les personnages en scène pour la première fois. d’autres fois c’est plus compliqué.

j’en arrive à un personnage très important (vous le découvrirez bien quand vous lirez le livre), denise bruck, qui sera le grand amour du narrateur. là, il ne faut pas rater son coup, ce nom reviendra tout le long du livre, il faut qu’il soit à la fois mémorable et peu encombrant, rapide mais lumineux.

en fait, peut-être que je vais trop vite parce que je ne me souviens plus, pour dire vrai, ce qui est venu en premier: le personnage ou la chanson? parce qu’il y a d’abord une chanson de jimmy hunt derrière tout ça, qui s’appelle, bien entendu, denise, tirée de son disque maladie d’amour, que je recommande chaudement soit dit en passant:

les chansons de jimmy hunt parlent souvent de filles, qu’il ne manque pas de nommer par leur prénom. ici, le refrain avait quelque chose d’intrigant: «denise, écoute-moi / c’est toi la plus belle / ton amour est éternel». appelez ça la magie de la chanson: ce refrain, accompagné bien sûr de sa musique, m’avait tout à fait convaincu: il était tout à fait plausible qu’une jeune femme nommée denise pût figurer la plus belle femme du monde, qui plus est une sorte de symbole amoureux au dernier degré. et c’est donc cette chanson, je l’écris ici pour marquer ma dette, qui m’a convaincu que mon personnage ne pouvait que se prénommer denise. je ne veux pas dire par là que ma denise ressemble à celle de jimmy hunt. simplement que cette homonymie m’a aidé à croire, tout au long de l’écriture, en l’amour infini de mon narrateur pour une jeune femme dont le prénom serait denise.

restait bien sûr à lui trouver un nom de famille. j’avais établi assez tôt dans mes plans que denise serait, dans le récit, une immigrante, et que son nom pouvait dénoter une origine étrangère. (il me semblait, curieusement, que «denise», prénom bien français, ne posait pas problème de ce côté.) j’ai donc pensé à un nom anglais… mais non, quand même pas. italien alors? ça pouvait peut-être marcher. je marchais, comme je le fais souvent la fin de semaine, en compagnie de mon épouse, dans la petite italie, cherchant des noms sur les devantures des commerce, à tout hasard. et puis je tombe, sise boulevard saint-laurent, sur la compagnie des machines à coudre bruck:

bruck! ce nom n’avait rien d’italien, mais il était parfait. denise bruck. je ne voyais pas comment je pourrais trouver mieux. et puis j’aimais bien qu’on ne puisse vraiment dire d’où venait ce nom. denise bruck pouvait provenir d’un pays un peu vague du nord de l’europe, germanophone ou néerlandophone sans doute, et encore, rien n’est sûr.

sonorement, le nom «denise bruck» avait aussi l’avantage d’un agréable contrepoint entre la douceur un peu acidulée du «denise» et la raideur de «bruck». je me faisais l’image d’une jeune femme blonde aux cheveux courts, à l’allure plutôt garçonne, sans doute assez près de la jean seberg d’à bout de souffle (même si cette réminiscence visuelle ne m’est apparue que très récemment), et ce nom me semblait convenir à merveille pour rendre cet état intermédiaire, cette légère ambiguïté générique.

bref, ce nom, je le trouvais si amusant que je me suis donné comme contrainte, tout au long du livre, de toujours l’écrire au long, sur le principe du gag qui n’est drôle que parce qu’il est infiniment répété.

alors voilà comment une chanson de jimmy hunt (et un commerce de machines à coudre) a donné naissance à un personnage sans lequel ce livre ne serait que l’ombre de lui-même. ce n’est pas la première fois et ce ne sera sans doute pas la dernière fois qu’une chanson produit cet effet sur mon travail. récemment j’ai commencé à écrire un truc (je ne sais pas encore ce qu’il donnera) dont je me suis convaincu qu’il raconterait le chemin entre deux chansons de brigitte fontaine. je ne vous dirai pas lesquelles, bien sûr. ça viendra en son temps, peut-être.

et de trois (ou de quatre?)

March 9th, 2016, 10:33

le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est arrivé plus vite que prévu, celui-là… mais en tout cas c’est fait, il est aux mains de l’imprimeur: c’est le 5 avril que paraîtra mon troisième roman, le continent de plastique, 312 pages, toujours au quartanier bien sûr.

c’est un livre que je ne pensais pas écrire, en tout cas pas sous cette forme. j’avais d’abord, pour faire suite aux livres précédents, une idée quelque peu différente, qui aurait ressemblé à une fable. j’avais commencé quelques pages, mais ça me semblait, comment dire, un peu artificiel, un peu mécanique. je n’y croyais pas autant que je l’aurais voulu – et si l’auteur ne parvient pas lui-même à croire à son livre, c’est peine perdue, il faut renoncer.

et, fin 2014, la revue cousins de personne m’a invité à soumettre un texte. alors j’ai réfléchi à un autre projet (j’en cultive toujours quelques-uns, à côté) qui pour l’instant consistait en un titre («le continent de plastique», donc) et en un concept un peu précieux: plutôt qu’un recueil de nouvelles, un recueil de romans, ou plutôt d’idées ou de résumés de romans, bref un endroit par lequel canaliser, justement, ces idées un peu trop nombreuses se bousculant dans ma tête et auxquelles je ne peux tout de même pas consacrer à chaque fois un nouveau livre.

puis, nouveau déclic: pourquoi ne pas mettre en scène l’écrivain de ces romans dont je n’avais qu’une vague idée? et, quitte à ajouter de la distance, pourquoi ne pas faire raconter ces histoires par l’assistant de cet écrivain? et à qui les raconterait-il? eh bien, à sa compagne, qui… déjà le fil commençait à se tisser tout seul. je me suis alors dit que je pourrais «tester le matériau», si on veut, en écrivant un premier chapitre de cet éventuel roman, chapitre dont je prétendrais, le temps d’une publication, qu’il s’agissait d’une nouvelle. et c’est ainsi que fut publiée clara et son ombre, qui, remaniée depuis, correspond toujours au premier chapitre de ce nouveau roman dont l’écriture subséquente s’est étalée sur une bonne année.

je ne vais pas vous raconter ici «de quoi ça parle» (je vous offre, plus bas, la quatrième de couverture, elle sert à ça!). je vais plutôt indiquer que, selon toute vraisemblance, ce roman constituera le dernier terme de ce qu’il convient peut-être d’appeler une sorte de trilogie dont les deux premiers termes seraient les bases secrètes et la revanche de l’écrivaine fantôme. trilogie de quoi? du livre et du monde littéraire, pour dire vite.

je n’avais pas pour projet, en me lançant dans le roman, de faire du livre mon grand sujet de fiction. c’est arrivé par amusement, si vous pouvez me croire: parce que le sujet m’amusait et que j’y trouvais de la matière. j’ai écrit les bases secrètes sans éditeur en tête, bref sans du tout savoir à qui ce roman pouvait bien s’adresser. la revanche a été fabriqué en sachant cette fois pour quel éditeur je l’écrivais, mais sans toujours bien savoir de quel lecteur il était question (ce n’est peut-être pas pour rien qu’il s’y trouve, dans les premiers rôles, une lectrice, et assez dubitative).

entre-temps j’ai écrit la raison vient à carolus, petit texte un peu marqué aussi par l’idée du livre, mais de manière moins ostentatoire tout de même (du moins je crois). bon, mais tout ça est une autre histoire. reste donc ce continent de plastique, que vous pourrez découvrir dans à peine un mois. (rendez-vous d’abord au salon du livre de québec, et puis pour un lancement montréalais dont la date sera annoncée… quand elle le sera!)

et pour la suite? j’écris déjà deux petits trucs, en parallèle. sans doute pas des gros livres. et, donc, non, rien à voir avec des histoires d’écrivains qui écrivent. plutôt peut-être des dessinateurs qui dessinent… et des programmeurs qui programment. à bientôt!

rouvrir les cartons (de vieux disques)

June 9th, 2015, 11:11

vous savez ce que c’est: parfois on rouvre de vieux cartons, et on se dit tiens donc, toutes ces vieilles choses qui n’ont jamais rien fait que prendre la poussière.

ces vieilles choses étant, en l’occurence, de la musique, j’en ai mis quelques unes sur mon compte soundcloud.

si vous y êtes aussi (sur soundcloud), je vous invite à me suivre, voire à me laisser un petit mot.

je continuerai d’ajouter quelques pièces anciennes, parfois inédites, aussi longtemps que ça m’amusera. et qui sait?

et pour ce qui est des nouvelles, eh bien j’écris un nouveau roman qui sera peut-être publié en 2017. mais ça, c’est la cuisine et je vous en reparlerai quand ça sera un peu plus avancé…

à bientôt!

elle est de retour

August 25th, 2014, 12:12

depuis la semaine dernière, la revanche de l’écrivaine fantôme est dans toutes les bonnes librairies (mais peut-être pas dans les moins bonnes). et déjà christian desmeules du devoir en dit de belles choses.

après la pause, la quatrième de couverture.

lire la suite »

comme on se retrouve

June 20th, 2014, 17:55

qu’y a-t-il de plus triste qu’un blogue laissé pour mort? (sans doute beaucoup de choses, c’est vrai…)

j’interromps tout de même le coma prolongé de celui-ci pour vous annoncer qu’à l’automne paraîtra mon deuxième roman (suivant la novella la raison vient à carolus, parue l’an dernier), toujours au quartanier. ça s’intitule la revanche de l’écrivaine fantôme.

écrivaine fantôme, tiens tiens, ça vous dit quelque chose? c’est peut-être que vous avez déjà lu la suite de minerve et que vous en gardez quelque souvenir: l’écrivaine en question est bel et bien johanne delambre, qui y apparaissait, certes furtivement mais de manière non moins cruciale. à l’époque déjà j’avais eu envie de dessiner de nouvelles histoires courtes la mettant en scène. ça ne s’est pas fait. à la place, j’ai écrit son histoire en mots. c’est-à-dire que j’ai écrit une histoire où un personnage de dessinateur raconte son histoire à elle, qui bien entendu comporte à son tour — on commence à s’en douter — de nouvelles histoires imbriquées.

on dirait presque un procédé, non? quelque chose comme un jeu à plusieurs niveaux — en tout cas j’aimerais bien qu’il soit lu ainsi.

j’ai voulu faire quelque chose pour amuser les lecteurs (ils ne sont pas nombreux, mais ils sont coriaces) qui aiment les vertiges métaleptiques. mais celui-ci est probablement plus abrupt que dans les bases secrètes: on y trébuche plus aisément.

c’est un roman un peu court, tout de même, et peut-être retors. voire drôle.

sans l’avouer explicitement, ce roman est une sorte de mise en scène des fleurs de tarbes de jean paulhan. (je laisse cette note pour ceux et celles qu’elle pourrait piquer; les autres n’ont pas à s’en soucier outre mesure.)

où en étions-nous? ah, la date de sortie? on ne sait pas encore. on vous rappellera. disons pour faire simple: les pourtours automnaux.

je pense que ce sera un joli petit livre.